«L'idée des Etats-Unis d'Afrique n'est pas un rêve»
L’idée a été lancée par le leader libyen Mouammar Kadhafi. «Ce n’est pas un rêve, mais bel et bien une réalité qui interpelle tous les Africains à oeuvrer en vue de sa concrétisation», a estimé le président de la commission de l’Union Africaine (UA), Alpha Oumar Konaré. «L’Afrique a besoin d’intégration. Aucun pays africain ne pourra prospérer en dehors d’une Afrique unie et forte.»
Le président de la République de la Grande Jamahirya arabe libyenne Populaire et Socialiste a fait les choses en grand pour recevoir ce Vè sommet ordinaire de l’UA, qui se tient sur le bord de la mer de Syrte-Libye. Le sommet qui dure deux jours - 4 et 5 juillet 2005 - réunit les 54 pays membres, dont Madagascar.
De l’aéroport à la Cité construite spécialement pour recevoir des délégations de hauts dignitaires étrangers, des slogans souvent incitatifs démontrent combien le président libyen est déterminé dans sa lutte dictée par une foi : les Etats-Unis d’Afrique. Citons entre autres : «L’Afrique ne s’allie qu’avec elle-même» ; «Halte à la ...;«La mendicité ne construit pas l’avenir de l’Afrique. La solution est ici et non ailleurs.» «Non aux frontières, non aux douanes, non aux aides étrangères.»...
A son arrivée à l’aéroport, tôt hier matin, le président Marc Ravalomanana a été reçu selon les rangs et a eu droit au tapis rouge. Il séjournera donc dans un des logements de la cité, portant la photo de son locataire.
Pour en revenir au sommet, il faut savoir que le leitmotiv du grand Fateh est de sortir l’Afrique du joug des aides étrangères. La Libye représente d’ailleurs une certaine force, sinon une force certaine, de fait qu’elle est le premier pays africain producteur du pétrole. Mais aussi parce que, même si 99% de son territoire n’est que dunes et désert, elle a démontré que la persévérance peut produire une prévalence dans le domaine économique. Comme la culture d’olives et de dattes, une autre force économique du pays, voire une fierté.
Soulignons qu’une dizaine de journalistes malgaches font partie de la délégation présidentielle pour couvrir l’événement africain, ainsi que le Secrétaire général de la Présidence, Rakotondramboa, «Chief of staff »Henri Roger Ranaivoson, et le chef de la diplomatie Marcel Ranjeva qui a reçu le Président Ravalomanana sur place.
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Déclaration de Syrte: Propositions non négociables
Les ministres africains des Affaires étrangères ont élaboré samedi à Syrte, des projets de déclaration et de résolution sur la réforme des Nations Unies; et qui ont été soumis aux chefs d’Etat dès l’ouverture du Vème Sommet ordinaire de l’UA, hier.
Le projet de déclaration insiste sur cinq principes que l’Afrique n’aimerait négocier à aucun prix dans la perspective de la réforme de l’ONU. Il s’agit de sa représentation permanente, pour la première fois, au Conseil de Sécurité avec tous les privilèges; y compris le droit de veto, ainsi que le renforcement du leadership de l’Assemblée générale; organe le plus représentatif et le plus démocratique du Système des Nations Unies.
Les autres principes concernent le renforcement du secrétariat général dans le sens d’une plus grande efficacité; l’octroi a l’ECOSOC d’un statut de mécanisme central de coordination des activités des agences spécialisées du système onusien, et enfin la démocratisation effective des institutions de Bretton Woods.
Quant au projet de résolution, il est présenté comme une feuille de route pour l’Afrique dans ses négociations à venir avec les autres groupes régionaux du monde; Il préconise l’augmentation de 15 a 26 membres au total du Conseil de sécurité, un niveau de requête qui a déjà fait l’objet d’un consensus au sein des Non-Alignés à Durban en Afrique du Sud.
Ambition: entrer dans la Cour des Grands
Le président de la Commission de l’organisation continentale Alpha Oumar Konaré a déclaré que l’Afrique «a le droit» de disposer d’un siège permanent au Conseil de sécurité; devant lui permettre de jouer pleinement son rôle qui lui échoit sur la scène internationale.»Toute réforme de l’ONU doit prendre en compte l’importance de la place qu’occupe actuellement le continent africain à l’échelle internationale, en raison entre autres du nombre important des voix qu’il compte au niveau de l’Assemblée générale», affirme-t-il. Pourtant, les pays d’Afrique; continent qui tient à obtenir une présence plus importante, surtout une meilleure représentation, ne semblent pas parvenir à un consensus sur cette question, notamment les critères de désignation et la formule de représentation au sein de cette structure.
«Nous sommes en faveur d’un siège permanent qui doit être accordé à l’Union Africaine et non à un pays quelconque du continent» a souligné pour sa part le ministre libyen Abderrahmane Chalgam. Les propos du chef de la diplomatie libyenne viennent confirmer que l’Afrique avance bel et bien sur le chemin de l’intégration.
Sommet sollicité par des candidats
L’Allemagne, le Brésil, l’Inde et le Japon, candidats à un poste de membre permanent du Conseil, ont envoyé ensemble une importante délégation à Syrte, pour présenter au Sommet africain le projet de résolution qu’il soumettront à l’Assemblée générale de l’ONU au mois de septembre à New York. Dans cette résolution, les quatre pays proposent que deux sièges soient attribués à l’Afrique; n’indiquant pas les noms des deux pays afin d’éviter de susciter des rivalités. La démarche vise à obtenir le soutien de la cinquantaine de pays africains à cette résolution de facon qu’elle puisse être adoptée par la majorité des Etats membres de l’ONU qui doit passer de 15 à 25 membres.
Actuellement; le Conseil de Sécurité est composé de 15 Etats membres parmi lesquels 5 membres permanents-USA, France, Chine, Russie et Royaume Uni – seuls disposant du droit de veto. Selon la réforme proposée, les nouveaux Etats au Conseil ne disposeront pas du droit de veto. Par ailleurs, les Etats-Unis sont contre l’entrée des Etats africains dans cette instance, de même qu’ils sont opposés à l’entrée de l’Allemagne considérant que l’Europe y est déjà représentée par la France et le Royaume uni.
On rappelle que l’Union Européenne s’est déjà prononcée en faveur de l’entrée d’au moins un pays africain au Conseil de Sécurité de l’ONU.
05/07/05 - Volana (Syrte)